J’ai eu le privilège et la responsabilité d’enseigner le cours Psychologie de l’expérience spirituelle durant le semestre de l’hiver 2016 à l’Université Saint-Paul, à Ottawa. Je suis content de vous faire part de quelques réflexions et recherches au sujet de la spiritualité. À cause de la sécularisation de la société, le religieux a accordé une importance plus grande à la spiritualité. Elle est reconnue comme une dimension essentielle de la personne. La spiritualité forme un tout avec les autres dimensions humaines, soit biologiques, psychologiques, sociales et religieuses. Il est essentiel de considérer l’expérience humaine dans sa globalité. Le spirituel n’est pas un plus, un à-côté ou un ailleurs. C’est essentiellement intégré dans tout notre être.
La spiritualité, une façon d’explorer nos dimensions à la fois plus profondes et plus élevées, constitue une voie d’éveil et de croissance. Elle favorise un voyage ou une exploration vers son Soi plus profond. Elle n’a rien d’une vérité toute faite et invite chaque personne à découvrir qui elle est en profondeur et à se former sa propre vérité. La spiritualité est une quête de sens, d’espoir et de libération. Comme l’exprimait Jean-Luc Hétu, le spirituel, c’est l’intérieur qui se distingue de l’extérieur, c’est l’essentiel qui se distingue de l’accessoire, des apparences 1. Les réalités du monde matériel peuvent manifester l’ouverture au plus grand que soi, par exemple la Nature.
L’intériorité fait rentrer en soi-même afin de se connaître et de se comprendre. La démarche spirituelle nous conduit ainsi vers un lieu intime et secret dans notre espace intérieur sacré. La vie spirituelle devient une manière d’être, une recherche et une ouverture d’une voie de réalisation du bonheur, lequel est un état fugitif et passager, mais combien épanouissant. Toute spiritualité est au service de soi, des autres, de la Nature, du Transcendant. Être à la fois pour soi et pour autrui aussi. La spiritualité nous permet de nous reconnecter à notre essence profonde, laquelle nous aide à unifier tout notre être. Comprendre et accepter que nous sommes les acteurs de notre vie constitue un pas important de notre évolution spirituelle.
Se décentrer de soi, après être rentré en soi, amène à se définir en tant qu’être-en-relation avec soi tout d’abord, puis avec les autres et avec le Transcendant tel que chacun(e) l’entend. Ceci implique certainement dialogue, réciprocité, échange, accueil. La transcendance du Soi suppose la capacité de se dépasser soi-même, d’établir une relation authentique avec les autres, de se consacrer à des causes humanitaires et de réaliser un projet imprégné d’un sens profond. Christian Bellehumeur précise de la façon suivante la quête personnelle : chercher à comprendre, faire appel à l’expérience subjective et obtenir des réponses à des questions fondamentales relatives à la vie, au sens et à propos des relations avec le Sacré ou le Transcendant 2. Les besoins spirituels de base : sens de la vie, amour, confiance, espoir, pardon, paix intérieure.
Dans un prochain article, je décrirai en quoi consiste une expérience spirituelle, laquelle est le processus d’entrer en relation avec cette réalité beaucoup plus vaste que l’expérience que nous en faisons, soit la spiritualité. Je conclurais l’article d’aujourd’hui en mentionnant que la spiritualité est cette qualité de ce qui est esprit, de ce qui est dégagé de la matérialité tout en restant connecté à la réalité matérielle. Il s’agit donc d’une voie intérieure permettant à une personne de découvrir l’expérience de son être et de vivre une expérience spirituelle.
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1 Hétu, Jean-Luc. (2001). L’humain en devenir, une approche profane de la spiritualité. Montréal, Fides.
2 Bellehumeur, Christian. Cours Spiritualité et développement humain. Université Saint-Paul, Ottawa.