Dans la première partie de ma chronique sur l’Inde, je me suis concentré sur les villes saintes de Varanasi et de Sarnath. Cette fois-ci, je vous entretiendrai du Ladakh, région située aux confins de l’Himalaya, dans le nord-ouest de l’Inde, plus particulièrement dans l’État du Jammu-et-Cachemire. On appelle le Ladakh « Petit Tibet » parce qu’il est le berceau du bouddhisme tibétain en Inde. Dharamsala, où habite le dalaï-lama, se situe tout juste au sud de la frontière du Ladakh. Le bouddhisme tibétain se pratique aussi au Sikkim, autre État indien situé dans l’Himalaya, entre le Népal et le Bhoutan.
La route principale, au Ladakh, est celle reliant Srinagar (capitale du Cachemire) et Leh (capitale du Ladakh). Elle est fermée neuf mois par année à cause des conditions météorologiques. Elle passe par des cols qui sont enneigés à longueur d’année. C’est la route que j’ai empruntée lors de mon passage dans ce coin de l’Inde.
Le Ladakh a permis, de par sa position géographique, la préservation d’un mode de vie ancestral. Ses paysages presque lunaires, son climat désertique ainsi que ses oasis en altitude ont forgé une tradition spirituelle qui perdure depuis des siècles, conséquence de l’isolement de ce peuple par rapport au reste du monde.
On trouve au Ladakh un grand nombre de monastères bouddhistes tibétains (gompas). Chacun de ces temples renferme des chefs-d’œuvre de l’art tibétain. À mon avis, c’est dans les temples d’Alchi que l’on trouve les plus belles fresques tibétaines. Lors de ce voyage, j’ai pu séjourner quelques jours au temple de Lamayuru et assister aux offices, prières et pujas (rituels d’offrandes) dans le temple.
La médecine traditionnelle tibétaine occupe une grande place dans la pratique de la religion bouddhiste tibétaine. Les chamans sont vénérés partout. La médecine tibétaine est une science, et aussi une philosophie, qui offre une approche holistique des soins de santé.
Une séance chamanique est accompagnée de sons; le chaman fait ses incantations, qui prennent souvent la forme de chansons, parfois en langue rituelle. Elle est toujours accompagnée de percussions, par exemple un tambourin. Le rythme est toujours monotone. Le but est que le son agisse directement sur la perception de la personne qui consulte. En répétant certains sons, on peut modifier le système perceptif. On dit que le son perçu est utilisé comme catalyseur de l’esprit. Ainsi, les sons répétitifs du tambourin et du chant peuvent être perçus comme les liens d’appel à la communication. L’invocation est ainsi matérialisée et ressentie par l’assemblée entière, les séances se déroulant devant tous.
Lorsqu’ils entrent en transe, d’une manière qui impressionne toujours, les chamans sont capables de diagnostiquer des maladies physiques ou mentales. Ils libèrent également des charges émotionnelles qu’une tierce personne a provoquées chez le patient. Chaque chaman possède ses propres techniques pour accéder au monde spirituel. C’est ainsi que des bougies, des cloches, des couteaux, des tambourins et des offrandes entrent en scène.
Lors de mon séjour, j’ai eu la chance d’assister à une séance chamanique. La grand-mère d’une de mes guides étant chamane. Nous avons été invités à observer ce rituel. Des habitants du village sont venus la consulter. La chamane a d’abord revêtu son costume rituel et disposé les objets dont elle allait se servir pendant la séance (bougies, tambourin, petits bols de riz, cloche, etc.). Elle est ensuite entrée en transe et a accueilli les villageois pour leur prodiguer ses conseils. Une expérience inoubliable!
En raison de son isolement, de ses paysages magnifiques et de la spiritualité qui s’en dégage, le Ladakh ne décevra jamais quiconque décide de s’y aventurer. Je recommande un séjour dans un des monastères, pour mieux s’imprégner de cette spiritualité qui est omniprésente au Ladakh.