Belle saison tant chérie,
Nous t’écrivons ces quelques mots pour rendre hommage à ton éblouissante beauté que tu déploies avec une créativité infinie. Nous n’allons pas te le cacher : depuis longtemps, nous nous habillons le cœur pour ta venue et attendons le retour de ta lumière dans le quotidien de nos vies. Te voilà enfin, étirant la longueur des jours et éclaboussant le ciel d’une chaleur remplie de tendresse. Alors comment pouvons-nous nous rapprocher de toi afin d’entrer, nous aussi, dans ta danse si magnifique?
MARCHER. L’été, nous pouvons enfin marcher légèrement vêtus et laisser la douceur de l’air caresser notre peau. Lorsque la température extérieur se rapproche de celle de notre corps, une sensation émouvante de faire partie de notre environnement nous enveloppe. Les pores de notre peau s’ouvrent pour laisser entrer toutes les notes de la symphonie de l’été. Pendant qu’on marche, le mental se tait momentanément avec révérence et laisse place au ressenti du corps en mouvement. Osons aussi aller pieds nus… dans l’herbe fraîche, dans le sable fin, sur les roches et la terre humide. Marchons de tout notre être, embrassant affectueusement la terre avec la plante de nos pieds. Chaque pas n’est-il pas une occasion de laisser sur la planète notre empreinte de joie et de paix? Chacun de nos pas devient une offrande d’amour à la terre et nous rappelle immédiatement notre appartenance à cette nature vibrante.
OUBLIER. Et si, pour un moment d’éternité, nous arrivions à oublier le nom des choses? Car en apprenant les mots, peu à peu, nous avons commencé à nous méprendre, à penser que l’arbre est simplement un mot : arbre, alors que ce qui s’élève majestueusement, avec des bras qui embrassent le ciel et d’autres bras qui embrassent la terre, est un pur mystère. Le mot est utile, bien sûr, mais il n’est pas la chose. Le mot fleur ne nous dit rien de la délicate danse de l’ouverture de ses pétales ni de l’enivrement de son parfum unique. Il devient donc urgent de lever le voile sur des concepts que crée le mental qui est sans cesse occupé à étiqueter, à évaluer et à comparer. Sortir de notre tête nous permet de percevoir directement à partir d’un espace au-delà des mots. Lorsque le cœur regarde le monde, il touche immédiatement le tissu vivant de l’existence.
SE DÉTENDRE. Lorsque que tombe le voile des concepts fabriqués par le mental, un état de profonde détente nous gagne… une sensation paisible d’être ici dans le maintenant. Ce lâcher-prise est une grâce toujours accessible. Ce maintenant de l’instant présent est extrêmement important, car il est tout ce que nous avons et tout ce qui est réel. Lorsqu’on accorde peu d’importance à nos pensées, celles-ci nous abandonnent; elles s’éloignent et finissent pas se taire; nous plongeons malgré nous dans l’expérience de vivre. À prime abord, cela semble trop simple et presque insignifiant. C’est que la beauté de l’été est timide et a besoin de notre attention pour commencer à se dévoiler. Soyons bien attentif à nos perceptions sensorielles : le vent qui frémit dans les arbres et joue dans nos cheveux, la pureté du gazouillis des oiseaux et la sensation émouvante d’être en vie à chaque respiration. Soudain, il n’y a que la vie qui reconnaît la vie. Alors que se ferme le fossé qui nous sépare de notre expérience, nous nous retrouvons dans une profonde intimité avec l’instant. De là, notre relation avec notre expérience ne peut que se remplir d’amour. Cueillir le présent d’un seul instant est un pur miracle.
Cher été, merci de tes caresses qui parlent de l’amour de la vie pour la vie. Merci pour ta beauté qui reflète notre propre beauté. Merci de nous rappeler le chemin du retour vers le cœur de notre être, là où nous sommes pure présence. Merci de nous ré-enchanter. Comme nous t’aimons! Et c’est signé : les humains et humaines, frères et sœurs des oiseaux, des arbres et des ruisseaux.