Silence obligé d’un dimanche solitaire, un silence à remplir ou à écouter, laisser aller les pensées, les offrir au vent, écouter ce qui vient et entendre ce que le bruit enterre.
Marcher dans la nature, écouter les oiseaux qui ne chantent que des sons joyeux et se laissent flotter au gré du vent. Traverser un ruisseau, voir une grenouille étendue sur le dos qui accueille le soleil en plein cœur.
Marcher en silence dans la montagne et entendre craquer les très vieux arbres qui nous saluent en passant. Marcher encore un peu et trouver un lac silencieux, caché à l’ombre des bouleaux qu’on découvre dans toute sa somptuosité. Un lac à se mirer, à se regarder vraiment et voir son cœur d’enfant qui chuchote des mots d’amour dans le vent.
Bonjour, dit le cœur d’enfant. Je suis si content de te retrouver, tu as traversé beaucoup de pays sans moi. J’aimerais te serrer fort contre moi et te dire combien je t’aime. J’aimerais te tenir la main pour toujours et marcher avec toi dans tous les chemins de ta vie. J’aimerais découvrir avec toi le monde et te montrer toutes les possibilités de ta vie. Si tu me laisses parler, je t’aiderai et tu seras heureux.
Et le cœur d’enfant parlait, racontait des histoires de vie et dit tout ce qu’il savait de l’être venu le rencontrer. L’être l’écoutait avec émerveillement, surpris de retrouver son cœur d’enfant sur ce lac au sommet de la montagne.
C’est vrai, dit-il, je t’avais oublié. Comment ai-je pu faire cela? Comment ai-je pu m’en aller sans toi et croire que je suis plus grand que toi?
Ça ne fait rien, dit l’enfant, l’important est que tu m’aies retrouvé et que nous puissions continuer la route ensemble. Il te fallait juste un peu de silence pour m’entendre et un lac dans la montagne pour me voir. Maintenant que tu connais le silence, tu pourras toujours m’entendre. Je serai toujours là pour toi.
L’être prit la main de l’enfant et redescendit la montagne avec lui. L’enfant si heureux de lui tenir la main était bavard et lui racontait plein de choses sur l’être, lui rappelant de beaux souvenirs.
– Te souviens-tu quand tu étais petit comme tu aimais aller jouer au bord du ruisseau et trouver des grenouilles, jouer à cache-cache avec elles et faire croa, croa, comme elles? L’être rit.
– Te souviens-tu comme tu aimais chanter parce que tu avais l’impression d’exprimer toute la vie en toi? L’être sourit et se sentit rempli.
– Te souviens-tu des jours entiers passés à écouter de la musique et à écrire de la poésie? L’être s’émerveillait.
– Te souviens-tu comme tu aimais te retrouver avec quelques amis et discuter de la vie, donner ton opinion sur tout? L’être fut touché.
– Te souviens-tu comme tu aimais jouer avec les chiens et courir avec eux, les prendre par le cou pour te réchauffer? L’être se sentit réconforté.
– Te souviens-tu comme tu aimais te moquer en imitant les gens? L’être rit à nouveau.
– Combien tu aimais lire des histoires et en raconter…
À mesure que l’enfant lui racontait toutes ces choses qu’il aimait, l’être fut touché en plein cœur et se sentit renaître à chaque souvenir. Il renaissait en lui dans son cœur d’enfant et s’unissait à lui. Dans les jours et les mois qui suivirent, l’être fit tout ce qu’il aimait, ce qu’il avait oublié et trouva que le silence était merveilleux, car il entendait son cœur d’enfant qui lui apportait tout ce qu’il avait besoin pour exprimer la joie de sa vie et la réaliser.
Il remercia ce dimanche de silence qui avait parlé plus fort que le bruit et garda dans sa main pour toujours celle de l’enfant qui rayonnait en lui, et il en fut plus fort toute sa vie.