J’aime l’humain. Je m’intéresse au parcours de vie des femmes et des hommes qui m’entourent. Je suis émue par la vulnérabilité de l’autre. Mais qu’en est-il de la mienne? J’aime ouvrir mon cœur au désarroi de l’autre. Et moi, suis-je capable de laisser voir le mien?
Un pont sert à relier deux rives. À quel niveau se situe le mien? Au niveau de la tête ou du cœur? Quand il se situe au niveau du cœur, je suis dans mon humanité, dans ma vulnérabilité, dans ma beauté. Quand il se situe au niveau de la tête, je suis dans mes peurs, dans mes doutes, dans mes blessures. Ma tête vient refroidir mon cœur. Cela s’appelle la dualité et la dualité est préjudiciable à l’authenticité et à l’humanité.
Passer de la tête au cœur, c’est la transition du faire à l’être. D’ailleurs, Jean Vanier, fondateur de l’Arche, nous invite quotidiennement à aller au-delà des peurs qui nous éloignent les uns des autres et à repenser nos rapports interpersonnels et sociaux.
J’ai pris le temps de réfléchir à ce qui m’émeut au sein de la société : l’entraide après certaines catastrophes; l’organisation Médecins sans frontières; l’œuvre de Jean Vanier; le dévouement inextinguible de Mère Teresa.
Il n’y a pas d’amour, ni d’amitié sans liberté. Cela suppose de nous affranchir, car se transformer soi-même permet de transformer le monde. Ghandi enseignait que la meilleure façon de changer le monde est d’apporter en nous-même les changements que nous souhaitons voir autour de nous. Mais quels pourraient être ces changements, et comment être acteur de changement? Et si c’était par un éveil de notre conscience? Une conscience épanouie, élargie et plus élevée, dans le but d’améliorer les conditions de notre vie collective? La conscience que nous sommes tous interreliés doit être activée. Penser globalement et agir localement.
Nous traînons souvent des croyances limitantes qui nous rendent méfiants vis-à-vis des autres. Ce sont souvent nos expériences passées et nos blessures qui déclenchent ces croyances. Prendre conscience de l’influence qu’elles ont sur notre vie est l’étape indispensable pour les transformer et pour vivre à nouveau dans la confiance, et quand on fait confiance, on est en mesure de demander de l’aide au besoin. Je crois que c’est dans cette ouverture que la solidarité humaine réussit à s’installer.
Quand on est l’acteur de sa vie, on reprend le pouvoir sur soi sans exercer de pouvoir sur les autres. Et ce pouvoir, il disparaît quand notre rencontre se situe au niveau du cœur, au niveau de l’âme. À ce niveau, nous sommes enfin et seulement des êtres humains. Dans ce prisme, il y a nos vraies couleurs, sans énergie guerrière, sans masque.
J’ai compris que le jugement vient en grande partie de nos comparaisons, du standing de vie et du niveau de scolarité. Avoir le privilège de rencontrer une personne sans rien connaître de sa vie, nous dispose dans l’accueil. La valeur de cette personne tient à notre ressenti naturel envers elle plutôt qu’à une grille d’évaluation que nous utilisons pour la définir.
Tenter l’expérience c’est laisser l’humain s’exprimer dans son humanité, sans aucune frontière. Cette action génère une force d’attraction entre nous, dans une opération de métamorphose et de solidarité.
Imaginons que la vie est un pommier. Si nous y greffons la valeur intrinsèque de chaque humain, nous obtiendrons un pommier produisant différentes variétés de pommes. Pour que cet arbre profite, il lui faudra de la lumière (la foi) et une terre fertile (l’amour inconditionnel).