Je ne sais pas si vous avez déjà rencontré un homme qui sait écouter… Moi si! Je me souviens très bien de nos dernières rencontres. Quand je m’asseyais avec lui pour discuter, je voyais un visage souriant et détendu qui pour moi, démontrait sa joie d’être là, en ma compagnie. Tout au fil de notre rencontre, son regard était accueillant, sa voix était douce et posée et son corps dégageait le calme. Chacun de ses sens semblait m’offrir une pleine réceptivité sans que je ressente pour autant de conditions à remplir pour avoir le privilège d’une telle qualité de présence. Je me sentais véritablement accueilli tel que je suis. Et lorsque surgissait un moment de silence dans notre conversation, il contribuait à faire de ce silence un temps d’accueil rempli de sa présence rassurante.
En l’observant être lui-même, je pouvais sentir son authenticité et sa bienveillance à mon égard. Il s’intéressait à ce que je disais sans chercher à tout prix à me comprendre, car il disait que le désir de comprendre était souvent un piège menant vers une interprétation personnelle qui serait forcément décalée par rapport à ce que l’autre tente d’exprimer. Je crois qu’il maîtrisait bien ce principe fondamental de la communication voulant qu’en se décentrant de soi pour se centrer sur celui ou celle qu’on écoute, le sens véritable de la communication traverse naturellement, comme par magie, ce canal invisible qui relie deux personnes par le cœur. C’est peut-être ce que voulait dire Alfred de Musset par cette phrase : « Qu’importe de quoi parlent les lèvres, lorsqu’on écoute les cœurs se répondre. »
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, je ne me suis pas rendu compte de l’ampleur des qualités de cet homme lors de nos toutes premières rencontres. J’étais dans l’illusion de croire que « nous » avions d’agréables discussions autour de nos passions communes. Bien qu’il y ait une part de vérité dans cette illusion, c’est au fil de mon propre cheminement que j’ai pris conscience de la grande qualité d’écoute de cet homme. C’est avec humilité que j’ai un jour dû constater que ces échanges entre nous avaient été polarisés en ma faveur, c’est-à-dire qu’ils avaient été une opportunité pour moi d’exprimer ce qui m’habitait en ces moments et que j’avais envie d’exprimer à quelqu’un de confiance. Un jour, je lui ai d’ailleurs demandé comment il en était arrivé à acquérir cette habileté enviable qui lui permettait d’offrir une telle qualité d’écoute. C’est à ce moment qu’il m’a confié avoir un jour fait le choix de se former à l’écoute et que cette capacité qu’il continue à cultiver encore aujourd’hui ne s’est pas manifestée spontanément chez lui, mais est venue s’installer par l’apprentissage et la pratique.
Devenir des hommes et des femmes qui savent écouter impliquera donc de choisir des chemins, parmi plusieurs possibles, qui nous permettront de développer nos capacités respectives à mieux communiquer. Il faudra aussi décider de cultiver en soi une attitude qui portera vers l’autre l’une des plus belles offrandes qui soient, celle d’une écoute proposée qui, lorsqu’elle est accueillie par l’autre, lui permettra de se dire, de se sentir entendu et même amplifié. Cela me rappelle cette parole de Jacques Salomé qui dit que le plus grand cadeau que l’on offre à quelqu’un en l’écoutant, c’est de lui permettre de s’entendre lui-même.
L’écoute est un acte d’amour!