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Le toucher, un outil de communication avec le fœtus

Lorsque l’ouïe du bébé est assez développée pour entendre les bruits du monde extérieur, autour de la 20e semaine de gestation, il perçoit déjà depuis plusieurs semaines les vibrations de la voix de sa mère sur tout son corps. Le toucher est en effet le premier sens à se développer chez le bébé dans le ventre maternel. Vers la 8e semaine, les fibres nerveuses qui permettent la réception des messages sensoriels s’étendent jusqu’aux extrémités du corps. Dès la 9e semaine, le bébé ferme la paume de sa main si elle est touchée. Sa paupière réagit aussi à l’effleurement.

La démarche proposée par la préparation affective à la naissance utilise cette sensibilité au toucher pour communiquer avec le fœtus, le sécuriser et construire ainsi son estime de soi bien avant la naissance. On peut commencer dès la 12e semaine, parfois avant. Le père, ou la mère, pose sa main avec tendresse sur un côté du ventre maternel en invitant le bébé à venir s’y blottir. Dans la plupart des cas, le bébé répond en se déplaçant pour venir à la rencontre de la main parentale. On sent le contact du bébé comme un chatouillement, une sensation de chaleur ou un toucher subtil à l’intérieur de la main. Si on invite le bébé de la même façon de l’autre côté du ventre, il s’y déplace. Parfois le bébé choisit de ne pas bouger, mais on le « sent » détendu et attentif à notre présence. Ces expériences nous permettent de constater que le bébé est très tôt un être social, demandeur de contact avec le monde extérieur.

Il arrive qu’un bébé réponde d’une façon à sa mère et d’une autre façon à son père. Un bébé avait l’habitude de se détendre dans la profondeur lorsque sa mère lui communiquait son amour au moyen de sa main sur son ventre. Quand son père posait à son tour sa main sur le ventre, le bébé venait rapidement vers la surface rencontrer cette main. Il avait la même réaction à mon invitation. Et cela s’est répété pendant plusieurs mois, autant à la maison que lors de nos rencontres. On pourrait croire que ce bébé se détendait, plutôt contemplatif, avec maman et qu’il avait envie de jouer, d’être plus actif avec papa et avec cette dame que ses parents rencontraient à intervalles réguliers. Cette réponse différenciée démontre aussi que le très jeune bébé perçoit la différence entre les personnes qui l’approchent pour communiquer avec lui.

Les mères savent d’instinct, depuis toujours, que les bébés sentent l’affection transmise par leur main sur leur ventre durant la grossesse. C’est pourquoi elles touchent souvent leur ventre avec amour. Quelle joie de pouvoir aussi, par notre toucher, sentir une réponse du fœtus à notre tendre invitation.

En outre, quand le bébé a l’habitude d’être un interlocuteur actif dans la communication avec ses parents, il devient possible, par exemple, de l’inviter avec succès à se retourner s’il se présente en siège en fin de grossesse, ou à se replacer dans une position plus avantageuse et moins douloureuse au moment de sa naissance. On peut aussi faire des jeux d’invitation avec un jumeau, puis avec l’autre, facilitant ainsi l’individualisation de chacun avant la naissance. Dans le cas de jumeaux qui se développent inégalement, on peut inviter le plus développé des deux à faire l’expérience d’un espace plus restreint, et inviter le plus petit à occuper un espace plus grand. Cela permet de tendre vers une égalisation des poids de naissance de ces jumeaux.

Au-delà des jeux avec le bébé, la préparation affective à la naissance enseigne aux parents l’art du prolongement du toucher et son efficacité dans la réduction de la perception de la douleur. Les parents pratiquent donc durant plusieurs mois le prolongement de leur sens du toucher, même à distance, afin de pouvoir utiliser cet outil lors de l’accouchement, C’est par le toucher, direct ou en prolongement, que les parents accompagnent physiquement et affectivement leur bébé dans son processus de naissance. Le prolongement affectif des parents réduit la douleur du bébé et lui permet de sentir ses parents bien présents avec lui dans cette aventure stressante qu’est sa naissance.

Avec le prolongement, la douleur de l’accouchement devient plus facile à gérer pour la mère. Elle se sent réellement accompagnée par son conjoint, ce qui lui permet d’être encore plus présente à son bébé. De son côté, le père joue un rôle très actif durant la naissance du bébé. Il offre continuellement la présence de son cœur et de son toucher à la mère et au bébé.

Si la mère est envahie par la douleur ou des émotions difficiles, elle n’est en général plus capable d’accompagner son bébé en train de naître. Le père demeure présent à la mère, l’aidant à se recentrer, et au bébé, afin qu’il ne se sente pas abandonné. C’est un peu comme si la mère et le bébé étaient ensemble dans une tempête en mer et que le père, sur la berge, guidait leur navire à bon port au moyen du fil de son toucher rempli d’amour.

Une naissance ainsi vécue nourrit le cœur et l’âme de ceux qu’elle touche et tisse pour la vie des liens d’amour forts entre le père, la mère et l’enfant.

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