Pourquoi ce besoin soudain de connaître sa mission de vie? Le sujet devient en effet, de plus en plus populaire. Toutes les librairies affichent maintenant, parmi les livres à grand tirage, des ouvrages portant sur la mission personnelle. Est-ce là, la nouvelle marotte des baby-boomers?
Selon Jean Monbourquette, auteur d’À chacun sa mission, le questionnement sur la mission de vie est le propre des jeunes adultes autant que celui de ceux traversant le mitan de la vie.
James Hillman, psychologue de formation jungienne et auteur de plusieurs ouvrages psychologiques s’intéresse aussi au sujet. Il écrit dans Le code caché de votre destin, « De tous les temps, les êtres humains se sont interrogés sur le sens à donner à leur passage sur terre ». Pour lui, chaque personne possède à la naissance le ferment de ce que sera son destin, ce mystère invisible qui devient le caractère et la personnalité, comme le gland devient chêne. C’est sûrement aussi dans ce sens que Jean Monbourquette dit de la mission, qu’elle est incontournable. Elle nous poursuit inlassablement et la vie nous place dans les situations nécessaires pour que se produise le questionnement sur le vrai sens de la vie.
Nicole Gratton, grande spécialiste québécoise de l’interprétation des rêves résume bien l’essence de ce questionnement, dans son livre Découvrez votre mission personnelle : « Quand notre vie a un sens et se déroule selon un plan harmonieux, nous ressentons le plaisir d’exister. Nous expérimentons alors la joie de collaborer au bien-être de ceux qui nous entourent. Les mots-clés pour y parvenir sont : talent, passion et contribution ».
Voilà un énoncé qui semble fort simple, mais la réponse peut parfois devenir une véritable énigme. C’est pourquoi certaines personnes ne peuvent y répondre et passent complètement à côté de leur mission de vie. Tous ces auteurs qui ont écrit sur la mission de vie se sont donc interrogés sur le processus ou la démarche à entreprendre pour découvrir et éventuellement accomplir sa mission de vie.
Il en ressort trois grandes étapes comme dans tout processus de changement. La première étape sera celle du lâcher-prise ou du détachement d’une période passée. « Toute transition commence par l’achèvement d’une période. » Nous avons à nous séparer d’avec le passé avant de pouvoir entrer dans du nouveau, et cela, non seulement en produisant des changements à l’extérieur de nous-mêmes, mais surtout à l’intérieur, dit Jean Monbourquette.
Une analyse des malaises, maladies, opérations ou même des accidents du passé nous révèle généralement un ou deux « conflits de base ».
Cette prise de conscience permet alors de couper avec des habitudes, des comportements ou des croyances qui ne nous appartiennent pas vraiment ou qui ne nous correspondent plus aujourd’hui. Hors, nous savons que la prise de conscience, et surtout le dépassement de ce conflit de base, est un élément essentiel dans l’accomplissement de sa mission de vie. Il existe cependant plusieurs façons de dépasser le conflit de base, et c’est dans l’exercice de la deuxième phase du processus, la période de la marge, que l’on découvre qui l’on est vraiment et ce qui nous fait vibrer. L’expérience a démontré le lien étroit entre le dépassement du conflit de base et les passions individuelles. C’est une période maquée par un travail d’intériorisation, de recherche du soi dépouillé de tous ses rôles et responsabilités sociales. Nous l’appelons aussi la période de l’entre-deux.
La troisième et dernière phase est donc celle où l’on rassemble tous les morceaux du casse-tête et où l’on voit émerger la mission de vie. Pour certains, ce sera la confirmation qu’ils sont dans la bonne voie; ils accompliront donc leur mission dans une plus grande compréhension du pourquoi de leur existence. Ils verront peut-être émerger une attitude nouvelle ou sentiront le besoin de se spécialiser. Pour d’autres, le changement sera plus radical et nécessitera un plan d’action et le temps nécessaire pour y arriver, animés qu’ils seront d’une énergie et d’une volonté nouvelle.
Ce sentiment de mieux se comprendre et mieux se connaître est à la fois libérant et énergisant. C’est probablement à ce phénomène que faire référence Carole Adrienne dans son livre Votre mission de vie, lorsqu’elle rapporte une citation de Joseph Jaworski : « J’ai découvert que les gens n’ont pas vraiment peur de mourir : ils ont plutôt peur de ne jamais avoir vécu, de ne jamais avoir pris en considération leur mission supérieure dans la vie et de ne jamais avoir emboité le pas à cette mission ni d’avoir au moins essayé d’apporter leur contribution au monde ».
Découvrir sa mission de vie, c’est donc donner un sens à sa vie, c’est vivre en harmonie avec soi-même, c’est être à l’écoute des besoins de son âme tout en contribuant au bonheur de ceux qui nous entourent…