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Une rencontre avec… Daniel et Véronique

Entrevue par Carole Verdon

Propriétaires de la maison de thé CHA YI

« Cha yi » signifie l’art du thé en mandarin, et c’est dans cette expression que repose l’essence de notre entreprise.

D’où vient votre passion pour le thé?
(Daniel) – Ma première rencontre avec le thé n’a pas été la meilleure; les thés en sachets n’ont pas du tout réussi à me séduire… et je pensais que le thé se limitait à ça avant d’entrer en contact avec des thés purs d’origine. J’habitais alors en France, il y a de cela plus d’une dizaine d’années, et travaillais sur un vignoble bio. J’y décou­vrais avec plaisir les notions de terroir et de dégustation, la culture millénaire d’un produit aussi noble et passionnant que le vin de qualité. Mais, lorsque le hasard me fit découvrir le thé sous sa version authentique, j’ai été tout de suite conquis! S’ouvrait soudainement à moi un monde proposant les mêmes notions de terroir et de dégustation que m’offrait le vin, mais, avec le thé, s’additionnaient à cela la riche culture­ asiatique, les rituels entourant sa préparation, ses nombreux bienfaits pour le corps et l’esprit, ainsi qu’une philosophie mettant l’emphase sur la paix, l’harmonie et l’humilité, choses que je ne trouvais pas du tout dans le cercle plutôt élitiste et cérébral du monde viticole. Depuis, je n’ai cessé d’explorer cet univers si vaste, cons­tamment émerveillé par sa richesse et sa beauté. Et combien le thé fait du bien aux gens, comme il l’a fait pour moi! Il fait maintenant partie de mon quotidien comme ligne directrice; il ponctue mes journées d’instants précieux de recueillement et de dégus­tation.

(Véronique) – Pour ma part, j’ai découvert le thé au moment où j’ai rencontré Daniel. Nos premiers moments ont presque tous été accompagnés d’un bon thé. J’ai des souvenirs précieux de nos premiers matins ensemble, bercés des rayons du soleil d’automne qui filtraient par le rideau et le sifflement de la bouilloire, le son de l’eau que l’on verse sur les feuilles, la tasse chaude entre mes mains et les effluves d’arômes réconfortants qui se dégageaient de mes premières tasses de thés japo­nais, chinois, taïwanais… Puis j’ai commencé à faire des rêves de thé! J’infusais, je dégustais, je jouais avec les feuilles, même la nuit… signe que j’avais la piqûre, il faut croire! Pendant plusieurs années, je me suis laissée infuser de la passion de Daniel, et nous voilà aujourd’hui dans le prolongement logique de ces premiers instants.

Racontez-nous le début de votre belle aventure.
Le projet de la maison de thé CHA YI a d’abord commencé par une grossesse! Quand nous avons appris que nous attendions notre premier bébé, nous portions déjà le germe d’un projet d’affaires à notre image, nous avions envie de créer un lieu de par­tage qui serait inspirant pour la communauté. Nous avons donc vécu deux grossesses en même temps! Notre passion pour le thé et tout ce qui l’entoure, s’ajoutant à la demande qu’avait l’Outaouais pour une maison de thé spécialisée et un endroit calme où se ressourcer dans le centre-ville de Gatineau, nous a inspiré à ouvrir notre commerce en septembre 2010.

La maison de thé CHA YI comprend la boutique, le salon de dégustation ainsi que l’école du thé. C’est bien cela?
Oui. Ce sont trois éléments importants de l’entreprise qui travaillent en symbiose afin de développer chez les amateurs la connaissance et la passion des thés de terroir, que cela soit en participant à un de nos ateliers sur le thé, en s’asseyant dans notre salon de dégustation afin de savourer infusions et gourmandises ou en venant s’approvisionner en thés et tisanes dans notre boutique. Nous profitons toujours de chaque occasion pour informer nos clients, leur en apprendre encore plus sur les thés qu’ils s’apprêtent à déguster, nourrir leur amour pour cette boisson si bienfaisante.

Qu’est-ce que ça signifie : Vivre l’art du thé?
Pour nous, l’art du thé se vit d’abord intérieurement. C’est une attitude d’ouverture face au thé qui va s’offrir à nous à cet instant. Comme nous avons une tâche importante au moment de l’infusion, le rôle de l’alchimiste qui fera passer le thé de l’état sec de ses feuilles à l’état liquide de sa liqueur, nous nous devons d’être complètement présents, d’être à l’écoute de ces feuilles qui se sont nourries de la terre et du ciel ainsi que du savoir-faire de l’artisan qui a joué le rôle de trait d’union entre les deux. La qualité de l’infusion, l’harmonie et la beauté de son service­ et la paix que tout ce processus engendre ne sont que le résultat de cette présence.

En quoi consiste votre travail comme importateurs de thés?
Chaque année, nous nous rendons en Asie afin de visiter nos producteurs et leurs jardins. À chaque printemps, nous nous devons d’aller à la rencontre de nos amis artisans et produc­teurs afin de nous approvisionner­ en thés de qualité supérieure en Chine, à Taïwan, au Japon ainsi que dans les autres meilleurs terroirs d’Asie. Ces thés ne sont disponibles qu’en petites quantités, car ils sont issus de petites parcelles, produits à échelle humaine, artisanalement et sans utilisation de produits de synthèse. Ces crus exclusifs ne sont normalement pas destinés à être exportés, car les volumes ne sont pas assez importants. Ce sont donc de petits trésors que nous allons dénicher chez des artisans passionnés et très fiers de ce qu’ils font. C’est important pour nous de savoir que nos thés furent produits avec amour et dans les meilleures conditions!

Parlez-nous de votre école du thé
Presque chaque fin de semaine, nous proposons l’une de notre quinzaine d’activités thématiques sur le thé. Ces formations prennent la forme d’ateliers formels ou interactifs traitant des divers aspects du thé, tant ses origines, sa culture, l’art de sa préparation, ses rituels, sa dégustation, etc. C’est le moment pour nous de transmettre encore plus notre passion à des gens qui ont soif d’en apprendre davantage. C’est souvent en approfondissant nos connais­sances­ sur un sujet qu’on est en mesure de l’apprécier à sa juste valeur!­ On y montre des diaporamas de photos de nos voyages, on fait déguster les nouveaux arrivages, on révèle un univers qui, en coulisse, offre bien plus qu’une boisson chaude et stimulante. Les participants y découvrent des coups de cœur, ce qui stimule encore plus leur curiosité.

Qu’est-ce que ça signifie des thés exclusifs aux arômes des plus fins?
La palette aromatique des thés de terroir est presque infinie. Elle va des thés les plus délicats, au caractère printanier rafraîchissant et finement végétal, jusqu’aux thés les plus gourmands, fruités ou boisés, des crus plus réconfortants dans leur profil de saveurs. Ces thés sont bien sûr sous leur forme nature; ce sont leurs propres arômes et saveurs qui apparaissent dans notre tasse. Rien n’aura été ajouté à ces feuilles. Habituellement, plus un thé est de grande qualité, plus ses arômes seront fins et complexes.

Comment entrevoyez-vous l’avenir?
Le thé continue son bel essor dans les pays occidentaux. Les thés de terroir semblent trouver de plus en plus d’amateurs grâce à leur qualité et à leurs bienfaits. Depuis les dernières années, seulement un petit nombre de maisons spécialisées et d’importation comme la nôtre ont vu le jour pendant que de nombreuses grandes entreprises ont flairé ce marché en pleine croissance. Bien qu’elles aient également pour mission de promouvoir la consommation de thé dans la population, elles le proposent trop souvent sous des formes dénaturées, avec l’ajout d’arômes naturels ou artificiels, des fruits, des bonbons, le tout présenté en combinaisons originales pour séduire une clientèle plus jeune. L’avenir nous dira si ces nouveaux amateurs viendront à s’intéresser par la suite à des thés purs et authentiques.

Quelle est votre mission?
Notre mission principale est en quelque sorte d’apporter « la nouvelle du bon thé »! Si approvisionner les amateurs en thés et en instruments d’infusion de qualité qui ne seraient pas disponibles autrement est de toute évidence notre ligne directrice, d’une manière peut-être un peu plus subtile, notre souhait le plus cher est de donner aux gens l’habitude de s’arrêter le temps d’un thé, de ponctuer leurs journées de moments sacrés, de s’intérioriser, de partager au travers du thé. Notre société en a tellement besoin. La course folle du quotidien doit s’arrêter… et, si quelque chose peut aider à trouver notre équilibre à travers­ cette frénésie, nous sommes convaincus que le thé peut contribuer à ce changement d’habitudes pour un retour à l’essentiel.

CHA YI  remporte :
~ en 2011 le premier prix national, catégorie « Commerce », dans le cadre du Concours québécois en entrepreneuriat.
~ le premier prix dans la catégorie « Nouvelle entreprise de l’année » dans le cadre des Prix d’excellence 2013 du RGA.

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