« Quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. »
Amadou Hampâté Bâ (extrait de « Amkoullel, l’enfant Peul »)
Au service Info-aidant, service-conseil téléphonique d’écoute, d’information et de référence destiné aux proches aidants d’aînés au Québec, on nous demande souvent quelles seront les conséquences d’une éventuelle cohabitation avec un parent. Certains proches aidants nous font part de leurs appréhensions à l’idée d’héberger un parent à la maison, ce qui est normal. Mais la cohabitation peut s’avérer enrichissante pour les diverses générations qui vivront sous le même toit.
Accueillir un parent âgé dans le nid familial s’est en effet révélé une expérience positive pour plusieurs proches aidants, et ce, à plusieurs égards. Le rapprochement entre grands-parents et petits-enfants est souvent un des avantages signalés, en plus du sentiment de sécurité que cette cohabitation peut procurer.
Selon une étude publiée par Statistique Canada en février 2015, 16 % des proches aidants d’aînés canadiens cohabitent avec un proche.1 On peut d’ailleurs s’attendre à une nette augmentation de ce pourcentage, puisque les aînés représenteront le quart de la population en 2036, comparativement à 13 % aujourd’hui, toujours selon Statistique Canada. C’est donc un mode de vie qui sera de plus en plus envisagé. Or, la cohabitation en soi n’est pas une mince affaire pour certains d’entre eux. Partager sa vie avec une personne en perte d’autonomie avec qui nous avons une relation affective significative peut comporter son lot de défis.
Par exemple, dans les entretiens que nous avons avec les proches aidants, nous les entendons souvent dire qu’une des principales difficultés dans cette aventure est le deuil de la relation parent-enfant, deuil auquel certains proches aidants doivent faire face à la perte d’autonomie d’un parent. Les enfants peuvent aussi avoir tendance à s’oublier, à vouloir en faire trop pour la personne aînée, alors qu’il est important que celle-ci puisse continuer d’avoir ses propres activités.
Tout projet de cohabitation exige des proches qu’ils prennent un temps d’arrêt pour réfléchir et pour bien cerner l’intensité de l’implication qu’ils souhaitent offrir. Il importe en effet de déterminer dès le départ les rôles et les responsabilités de chacun — quels sont nos besoins, nos attentes et nos limites. À chaque étape, il importe de répéter cet exercice de réflexion, de se donner le droit de rediscuter les rôles et les attentes de chacun. Plusieurs circonstances peuvent survenir et changer l’intensité du soutien à offrir.
Une des principales conditions pour vivre une belle cohabitation est de s’entendre. Il est préférable, par exemple, de sonder toute la famille pour s’assurer que chacun de ses membres est d’accord pour vivre sous le même toit. Il est aussi important d’envisager les situations de conflit qui peuvent surgir en cours de route et de réfléchir au préalable à tous les aspects qu’implique la vie commune, notamment les questions d’ordre financier.
Cette aventure comportera son lot de périodes difficiles pour chacune des personnes impliquées, mais comptera aussi, assurément, de précieux moments de bonheur. N’oublions pas que la personne aînée est une source d’enrichissement.
L’Appui Outaouais fait partie d’un réseau de 18 Appuis régionaux. C’est en 2009 que le gouvernement du Québec et la famille Chagnon ont soutenu la création d’un Fonds destiné au soutien des proches aidants. Un Appui a donc été créé dans chaque région du Québec, et chacun d’eux travaille à développer des services pour les proches aidants d’aînés, dont la ligne Info-aidant, accessible au 1 855 8 LAPPUI.
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1Martin Turcotte et al. Soins aux aînés : différences selon le type de logement, produit numéro 75-006-X au catalogue de Statistique Canada, p. 1.