Quand on pense « voyage initiatique », souvent l’Inde nous vient immédiatement en tête. Yoga, méditation, médecine ayurvédique. Les fleuves sacrés et les villes saintes. Les sâdhus, ces ascétiques qui se dépouillent de tout et qui sont vénérés partout où ils vont.
Pour la chronique de ce numéro, je me concentrerai sur les villes saintes de Varanasi et de Sarnath, situées à quelques enjambées l’une de l’autre.
Au cours de mes voyages en Inde, j’ai séjourné deux fois à Varanasi. Sans nul doute, cette ville sainte est de loin mon coup de cœur. On dit que c’est la plus vieille ville au monde qui a toujours été habitée. Sur la rive gauche du Gange, fleuve sacré, du côté où la ville s’est développée, il y a quelques kilomètres de ghats, ces escaliers de pierre qui descendent directement dans le fleuve. Les hindous y font leurs ablutions, y prient et y méditent. Les sâdhus y donnent leurs enseignements. L’endroit est aussi vénéré comme lieu de crémation pour les hindous : deux ghats y sont consacrés.
Tous les soirs a lieu un rituel hindou, le Gangâ Arti, en l’honneur de la déesse Gangâ, près du ghat de Dashashwamedh. Il est généralement accompagné de chants. Face au fleuve, les prêtres effectuent des gestes rituels avec de lourds chandeliers allumés et portés à bout de bras au milieu de l’odeur d’encens. Malgré la horde de touristes sur le ghat et dans les barques en face du ghat, on ne peut qu’être saisi par la spiritualité qui se dégage de ce rituel. Un moment fort d’un séjour à Varanasi.
L’hôtel où je séjourne lorsque je suis à Varanasi est le « Temple on Ganges » (www.hoteltemple.com), situé à côté du premier ghat, le Assi Ghat. Tous les jours, à l’aube, on y donne des cours de yoga sur le toit-terrasse (avec vues directes sur le Gange et le lever du soleil). On offre aussi des sessions de méditation.
À Varanasi, il n’y a rien que je n’aime plus que de longer les ghats à l’aube, dans une barque louée. Le jour et le soir, c’est plutôt une longue promenade le long des ghats que je préfère.
Je ne peux ici passer sous silence l’auberge de charité Mukti Bhavan, qui accueille des hindous en fin de vie et désireux de mourir à Varanasi. Elle est dotée de douze chambres, dépouillées de tout, d’un temple et d’une petite pharmacie. Quelques membres de la famille peuvent y accompagner le mourant. J’ai déjà vu un documentaire très touchant sur ce lieu. Dans une chambre, une dame âgée de plus de 100 ans dormait dans les bras de son petit-fils. Celui-ci disait : « C’est son souhait le plus cher de mourir ici. Je veux qu’elle meure dans mes bras. »
Près de Varanasi, il y a la petite ville de Sarnath, connue principalement pour être le lieu du premier sermon du Bouddha et est de ce fait l’un des quatre lieux saints du bouddhisme. On y trouve entre autres les ruines d’un ancien monastère du XIIe siècle et un énorme stupa de pierre à l’endroit même où, selon la légende, le Bouddha aurait fait son premier sermon.
On peut se rendre à Varanasi en avion (directement de Delhi ou de Mumbai) ou en train. Un train de nuit relie Delhi à Varanasi, une expérience en soi que je recommande à tous fortement, si toutefois le manque de confort et d’intimité ne vous rebute pas.
Si vous allez une seule fois en Inde, il faut faire un séjour à Varanasi. Le vrai dépaysement se vit ici plus intensément qu’ailleurs en Inde, je crois. Également, c’est à Varanasi que l’on peut prendre le pouls de l’hindouisme profond, celui des rituels (dont les crémations), des sâdhus et de la vénération pour ce fleuve sacré, le Gange. Une ville qui me fascinera toujours.