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De la peur à la liberté – Risquer l’aventure du Grand Canyon grâce à la technique Morita

Je pratique et étudie les applications des approches de psychologie japonaise Morita et Naikan avec le Todo Institute au Vermont depuis près de 20 ans maintenant. Ces principes et techniques forment la base de mon accompagnement et de mon enseignement comme professionnelle, un enseignement qui permet de développer des attitudes supérieures qui mènent à de grandes réalisations sur le plan personnel et professionnel.

La psychologie japonaise est une discipline de vie et de santé mentale inspirée de deux écoles de psychothérapies pratiquées au Japon : Morita (action) et Naikan (réflexion). L’approche Morita est centrée sur l’action alors que l’approche Naikan est basée sur la réflexion. La complémentarité des deux approches permet d’acquérir une discipline pour maîtriser sa vie. Les deux visent l’action et servent à rediriger l’attention en engageant la personne dans un but constructif.

Pour les besoins de cet article, je me consacrerai à la dimension Morita. Dans l’approche Morita, l’action est motivée par le but et non l’émotion. Contrairement à la pensée nord-américaine qui privilégie que l’on comprenne d’abord et « règle » nos émotions avant de passer à l’action, l’approche Morita suggère que c’est en passant à l’action et en dirigeant son attention vers une action constructive que l’on peut ultimement réaliser quelque chose de significatif tout en faisant avec les émotions de peur, de doute, la dépression et la procrastination qui cherchent à nous restreindre.

C’est cette technique qui m’a permis de marcher à flanc du Grand Canyon et de prendre l’hélicoptère en 2010 malgré ma peur panique des hauteurs, alors qu’une peur, cachée profondément dans mon inconscient, allait ressurgir durant mon périple dans le Grand Canyon, et influencer ma préparation du voyage.

Question de me rassurer, j’avais d’abord choisi de faire l’expédition en train à travers la vallée, puis en radeau sur le Colorado. J’ai entrepris ensuite d’escalader les rochers rouges à Sedona, pour ensuite marcher jusqu’au Pont du Diable, un rocher escarpé suspendu dans le vide, pour enfin me retrouver à flanc de montage dans le Grand Canyon et faire l’envolée en hélicoptère.

C’est durant cette dernière étape que la discipline Morita est entrée en jeu. L’apprentissage proposé dans l’approche Morita se fait à partir de trois postulats qui s’énoncent ainsi : 1) acceptes ton émotion 2) connais ton but et 3) fais ce que dois. Alors j’ai entrepris la marche en me disant : « J’ai très peur, je veux faire de ce voyage quelque chose de mémorable, tout ce que j’ai à faire, c’est de mettre un pied devant l’autre (laisser le corps mener) une marche à la fois ». Et me voilà en train de marcher à flanc de montage avec 4 860 pi. (1 481 m.) de profondeur à côté de moi (sans rampe merci!) mon attention dirigée sur mes pieds et la prochaine marche à prendre et j’ai continué la descente ainsi pendant 1 h 30.

Au retour de la remontée, forte de cette réussite, je me sentais prête pour l’hélicoptère, mais deux jours plus tard la peur panique a ressurgi et je pleurais encore peu de temps avant de monter dans l’hélicoptère. Une peur panique des hauteurs, qui s’était installée dans ma tendre enfance suite à un événement traumatisant vécu dans un manège du parc Belmont, allait faire surface juste au moment où la vie m’offrait l’opportunité de parcourir une des merveilles du monde à flanc de montagne et de l’observer à vol d’aigle. Je savais que je pouvais encore refuser de monter, mais le support et l’opportunité étaient là et cette fois j’ai décidé de saisir l’opportunité avec la peur, sans essayer de la contrôler, de la raisonner, de la justifier. Simplement l’accepter et faire un pas avec.

Et quelle réalisation, quelle satisfaction j’ai vécues! Je suis passée à un cheveu de manquer l’opportunité à cause d’une peur inconsciente de l’enfance. Une aventure qui est devenue un des moments les plus inoubliables de ma vie de couple, qui a mené à la création de mon entreprise et qui est maintenant une source d’inspiration importante de mon enseignement.

La seule façon d’y arriver, un pas à la fois! Au plus fort de l’effort au moment où j’étais prête à tout saboter, j’ai réalisé toute l’énergie que j’avais mise pour contrôler les événements et me garder dans une zone de confort rassurante au lieu de me laisser guider et d’accepter les circonstances. Cet effort avait généré beaucoup de douleurs que j’avais souvent essayé de justifier en blâmant les autres. La capacité d’agir à partir du but et non de la peur est une profonde discipline de vie qui peut mener à de grandes réalisations autant personnelles que professionnelles.

J’ai bien dû admettre à mon retour que ce qui m’avait apporté le plus de satisfaction durant le voyage, c’était ce dont j’avais eu le plus peur. Le reste me paraissait maintenant ennuyant. La réussite qui mène à la satisfaction profonde est faite d’une suite de petits pas. Le cerveau résiste aux grands défis, mais si vous séparez l’objectif en petites étapes, le cerveau présentera moins de résistance et éventuellement vous mènera au but. En vous maintenant dans l’effort en gardant le but en tête, la peur, la colère, le doute et l’incertitude risquent de s’évanouir d’eux-mêmes. L’effort en lui-même vaut la chandelle. Peut-être vous sentirez vous encore déprimé après avoir terminé la tâche, mais au moins vous aurez la satisfaction d’avoir accompli quelque chose de constructif dans votre journée. Je ne connais rien d’aussi efficace que les méthodes de psychologie japonaise pour vous maintenir dans l’action par rapport à un but désiré malgré la peur, le doute, l’incertitude, les malaises, l’attachement et pour vous aider à trancher dans l’illusion des plaisirs des mondes virtuels qui nous occupent, mais nous éloignent des réalisations qui pourraient donner un vrai sens à notre vie. Qui sait où le prochain pas pourrait vous mener? Êtes-vous prêt à prendre le risque de la liberté?

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