Pas besoin de Cyrano ou d’une épée pour être touché. Je suis, tu es, il est, nous sommes tous touchés, un jour ou l’autre. Que ce soit le spectacle de Fred Pellerin, la tarte au sucre de mamie ou le rire du petit dernier, on réagit à des stimuli par le biais de nos cinq sens. Tout dépend de notre sensibilité.
Être touché, qu’est-ce que cela signifie au fond? Simplement qu’on est ému, atteint, interpellé par quelque chose. Si on en croit Le Petit Robert, la connotation affective du verbe toucher ne date pas d’hier. « Procurer une émotion, faire réagir en suscitant l’intérêt » existait déjà au XIIe siècle, époque des châteaux forts, de la lyre à trois cordes et de Richard Cœur de Lion.
Bien que notre façon de nous exprimer et nos modes de communication aient évolué (texto, courriel, téléphone, etc.), être touché fait toujours partie de notre paysage langagier et colore nos vies au quotidien. Un je t’aime glissé dans une boîte à lunch ou une larme ne laisse personne indifférent et suffit pour toucher quelqu’un.
Au-delà des mots
Outre sa dimension affective, une expression qui génère une émotion agréable fait réagir le cœur, comme l’explique Timao Li, docteur en physiologie cardiovasculaire à Santé Canada: « En réponse à des mots touchants, le cerveau secrète une hormone, la norépinéphrine, un neurotransmetteur qui a pour effet d’augmenter le rythme cardiaque ».
L’inverse est aussi vrai. Un évènement bouleversant tel que l’annonce d’une tragédie, d’un accident ou d’un malheur amène le cœur à battre plus rapidement et imprègne notre mémoire. (Source : http//:lecerveau.mcgill.ca) On se rappelle pratiquement tous de l’endroit où nous étions le 11 septembre 2001 et des horrifiantes images de l’avion qui percute l’une des deux tours. On oublie rarement ce qui nous interpelle.
Qu’est-ce qui nous touche?
En consultant votre entourage, vous constaterez que les exemples sont aussi nombreux que variés. Pour certains, c’est l’être humain, plus particulièrement un nouveau-né, un enfant ou les personnes âgées. Pour d’autres, c’est l’immensité du ciel ou une saison spécifique. Et que dire des fleurs, des marques de sympathie ou d’affection? Pour ma part, plusieurs formes de création me font vibrer, de la prose à la musique, sans oublier le cinéma. « L’art émeut », nous faisait remarquer Victor Hugo, qui en plus de son domaine de prédilection, s’adonnait au dessin et à la photographie. (Source : Petit Robert de la langue française)
En 2005, après avoir surmonté une dure épreuve, je me suis retrouvée au sommet du mont Saint-Michel. Sa splendeur m’a renversée autant que la force qui en émane. À 170 mètres d’altitude, les plus belles voix que j’aie jamais entendues – un chœur de religieuses – m’interpellaient de l’abbatiale. On aurait dit des anges. Entre ciel et mer, j’ai été touchée par la vie, par cette seconde chance qu’elle m’offrait.