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Le grand garde-manger de la nature

Quand je pense aux plantes indigènes, il m’arrive souvent de penser au vieil adage qui dit : « Avant que l’homme ait eu le temps de faire son jardin, Dieu avait fait le sien. » Eh oui, nos champs et nos forêts regorgent d’aliments de toutes sortes. Les Amérindiens n’avaient pas de supermarché, pourtant leur nourriture comportait tous les éléments nécessaires à une saine alimentation. Dommage que cette belle connaissance soit sur le point de se perdre.

Heureusement, des personnes avisées ont répertorié ces petites merveilles, notamment le père Marie-Victorin, qui y a consacré sa vie et qui a rédigé la véritable bible de la nature qu’est la Flore Laurentienne, et le groupe Fleurbec, dont les livres avec photos à l’appui sont d’une grande richesse. Je vous recommande ces livres.

Lorsque je donne la formation « Comment se nourrir en forêt », les participants sont surpris de découvrir de nouvelles saveurs, que ce soit la soupe à l’égopode podagraire ou à l’ortie, ou le poireau ou encore le cœur de quenouille. L’épi mâle (vert) de la quenouille goûte le maïs et donne deux farines : une farine à pâtisserie au printemps et une farine à pain à l’automne. À propos des farines, le père Marie-Victorin en a répertorié 52 variétés au Québec, sans oublier 26 sortes de riz. À la fin de l’été, je récolte le café à saveur chocolatée qu’est le caulophylle (Caulophyllum); les Amérindiens l’utilisaient à l’occasion de rituels.

Les Chinois cultivent le chou gras (Chenopodium album) pour sa teneur en fer qui est plus élevée que celle de l’épinard. Et dire que les gens qualifient cette plante de mauvaise herbe! De ses graines, on extrait une farine de couleur très foncée. Les colons s’en servaient en temps de famine, d’où l’expression « manger son pain noir ».

Les jeunes pousses de sapin ou d’épinette bouillies fournissaient une excellente tisane riche en vitamine C beaucoup mieux adaptée à notre climat nordique que la vitamine C provenant des oranges ou des pamplemousses qui convient davantage aux gens du Sud. Les fruits du vinaigrier étaient utilisés pour faire une limonade.

L’été nous offre une grande quantité de feuilles et de fleurs comestibles. Une salade de ces fleurs se savoure deux fois : d’abord par les yeux, puis par sa dégustation. Parmi mes fleurs comestibles préférées, retenons celles de l’hémérocalle, du rosier, de la capucine, du trèfle rouge, de toutes les fines herbes et des courges.

Nos forêts regorgent de nutriments : fruits, légumes, condiments… tous biologiques. On trouve sur le marché de nombreux livres qui nous font redécouvrir les trésors de nos forêts.

Toutefois, il est sage de ne pas vous aventurer imprudemment dans vos dégustations, car certaines plantes sont toxiques et d’autres ne se consomment qu’en petite quantité, comme le gingembre sauvage (Asarum) ou encore l’ail doux (Erythronium).

Plusieurs plantes indigènes sont menacées à cause d’un manque de discernement et de respect; il suffit de penser à l’ail des bois. Cette plante prend sept ans à produire des graines. Il est donc indispensable de la cueillir en petite quantité. L’apios (patate en chapelet), plante qui ne se trouve plus à l’état sauvage dans nos forêts, peut cependant s’acheter sur Internet, quelques tubercules à la fois.

Je termine cet article par le message le plus important pour protéger ce trésor : en tout temps, la connaissance et le respect de la nature demeurent une valeur sûre. Nous sommes seulement de passage sur cette planète, et il est important de laisser à nos enfants et à nos petits-enfants un bel héritage à découvrir, celui que représentent la diversité et la générosité de la nature.

Bonne découverte!

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