Bien qu’essentiel à l’épanouissement de l’être humain, le toucher demeure souvent perçu comme étant associé à la sexualité ou plutôt à la relation sexuelle. Je constate souvent la problématique de couples qui ont une difficulté à dissocier le toucher de la sexualité. En se touchant, on suppose qu’une relation sexuelle s’ensuivra. On se prive donc des bénéfices de la caresse si on n’a pas envie de faire l’amour.
Le toucher s’avère très stimulant sur le plan affectif. Avant même la naissance, c’est la première capacité sensorielle du fœtus. Après la naissance, le toucher assure non seulement la sécurité physique de bébé, mais il développe le sentiment de sécurité affective et, surtout, l’attachement. En clinique, les gens qui souffrent de problèmes d’intimité amoureuse ont souvent été privés d’affection dans leur enfance. Aussi, puisque les caresses renforcent l’estime de soi chez les enfants, ceux qui ont été peu cajolés souffrent davantage d’immaturité affective, causant ainsi des difficultés conjugales et sexuelles.
Chaque être humain a des besoins affectifs fondamentaux : se sentir désiré, écouté, compris, considéré, reconnu, soutenu, etc. Si le toucher est si important en bas âge, c’est qu’il assure l’assouvissement de ces besoins. Il permet fondamentalement de se sentir aimé et sécurisé. Une fois adulte, ces mêmes besoins sont tout aussi présents et nécessitent d’être comblés. Cela dit, si, dans un couple, les individus ne se touchent plus, ils peuvent ne plus se sentir aimés.
L’expression « faire l’amour » suppose l’harmonie de deux corps qui s’offrent une connexion tant charnelle qu’émotionnelle. Le toucher est directement lié à ces deux dimensions. Il fait d’abord appel au plaisir physique en ce qui concerne la peau, l’organe des sens. Le toucher permet également une expérience émotionnelle qui se vit au travers de l’érotisme.
Maintenant, que s’est-il passé au sein du couple en difficulté qui ne se touche plus? Premièrement, il peut exister une mauvaise gestion émotionnelle engendrée par des exigences élevées. On appelle cette pression interne anxiété de performance. Il s’agit du stress ressenti à la suite d’un sentiment de culpabilité. Ce qui amène la personne à fuir l’intimité pour ne pas avoir à gérer cette angoisse. Aussi, l’accumulation de stress quotidien, s’il n’est pas évacué sainement, empêche la personne d’être disponible émotionnellement pour l’autre et, donc, de le toucher avec une intention d’amour.
Deuxièmement, la passion qu’on retrouvait au début de la relation conjugale peut avoir fait place à autre chose. La sensualité, la tendresse et les caresses ont été mises de côté, par manque de temps. Être préoccupé par les tâches ménagères, le travail ou les enfants, c’est « anti-érotique ». J’entends les gens souffrir d’un mode de vie effréné, qui entraîne une baisse de libido, mais également une perte de motivation à aller vers l’autre par la tendresse.
Enfin, si une mauvaise « hygiène émotionnelle » s’avère la cause principale de la disparition des caresses, la solution sera de prendre une « douche émotionnelle » quotidienne. À chacun sa façon d’éliminer les tensions de la journée, comme faire de l’exercice, prendre un bain ou méditer. D’ailleurs, il faut noter que le toucher fait partie de cette solution, car la caresse produit de la dopamine favorisant la bonne humeur. La dopamine atténue également la dépression, diminuant même le stress et l’anxiété. Une fois détendue, la personne devient ainsi réceptive à la rencontre sensuelle et sexuelle.
Quant au manque de temps, la solution pourrait être de réserver de « l’espace-temps » au quotidien pour permettre au couple de se retrouver. Nul besoin d’avoir un bloc de trois heures devant soi, une caresse prend une minute. Il se peut également que, si le toucher a disparu, c’est parce que l’amour s’est tout simplement éteint. Il peut donc être recommandé de consulter un professionnel tel qu’un(e) sexologue pour accompagner le couple dans la compréhension et la gestion de cette situation.