Les divers stress de notre vie marquent notre corps en causant, entre autres, un rétrécissement qui risque d’affecter mobilité, vitalité et perception de soi.
Vieillir a des conséquences sur la flexibilité, la motricité globale, la coordination, la force, l’équilibre, l’endurance et la dynamique vitale.
Vous connaissez le proverbe anglais use it or loose it? Il signifie que moins on bouge, plus on perd notre mobilité. Il est donc important d’en prendre conscience et d’accueillir les transitions et les transformations inévitables avec compassion.
Une réalité hétérogène
Évidemment, nous ne vieillissons pas tous de la même manière. Le vieillissement dépend de notre hérédité et de nos habitudes de vie. Il dépend également de chaque individu, tant dans la perception de soi que dans la façon d’intérioriser les stéréotypes que véhicule la société à propos du corps vieillissant ou d’y résister.
Nous avons chacun une histoire de vie et des expériences très variées du mouvement, ce qui fait que les transformations se font à des rythmes différents chez chacun. En outre, la perception des changements corporels varie selon notre vision personnelle et la vision sociétale du vieillissement.
Deux visions opposées du vieillissement
La vision déterministe repose sur des valeurs âgistes, c’est à dire sur des stéréotypes négatifs à propos de l’âge. Cette vision porte un regard négatif sur le vieillissement, se concentre sur les pertes avec une perception de cette étape de la vie comme une maladie incurable.
Cette vision est très puissante dans l’inconscient collectif. Le discours normatif qu’elle engendre repose sur les valeurs du no pain no gain. Autrement dit, pour réussir, il faut se dépasser sans cesse et pousser sur soi pour avancer. Sans nier le plaisir de relever des défis, ce dépassement exige des forces qui ne sont plus au rendez-vous avec la même intensité. Elle colore la façon dont le corps est perçu et peut affecter le regard que nous portons sur nous-mêmes et avoir des conséquences sur l’estime de soi.
Le rétrécissement de soi peut devenir synonyme de perte, d’échec, de honte et d’exclusion sociale. La vision normative d’un corps parfait, qui doit rester jeune et en santé, influence la perception de soi, nous maintient dans une image extérieure à soi pour laquelle il faut faire de nombreux efforts pour s’y conformer. Beaucoup d’énergie est ainsi mobilisée à maintenir l’apparence de la jeunesse. Et c’est toute une industrie qui influence cette vision et qui en profite. Cette dernière nuit, bien évidemment, à l’accueil de cette transition vers la maturité et de notre processus de transformation personnelle.
La vision développementale, quant à elle, repose sur des valeurs opposées : quel que soit notre âge, nous pouvons toujours apprendre à changer, développer de nouvelles habitudes, diminuer les effets du rétrécissement et parfois le rendre réversible pour continuer à mordre dans la vie.
Vieillir est un processus qui commence dès la naissance. Notre façon de vivre et notre façon de penser ont créé des habitudes et influencent notre façon d’être au monde. Certaines seront utiles, d’autres vont être à l’origine de limitations. Et c’est normal!
Les recherches en neurosciences ont démontré que notre cerveau est plastique, c’est à dire capable de réorganiser ses connexions en fonction de notre expérience. Ce qu’on a appris et ce qui nous a limité peut se désapprendre au profit de nouveaux apprentissages libérateurs, lesquels engendrent une nouvelle façon de bouger. Toute nouvelle expérience créatrice va créer des nouvelles connexions neuronales et enrichir notre mobilité avec un gain dans l’estime de soi et le sentiment de liberté.
C’est une invitation à développer une conscience de notre corps, à diversifier nos expériences, à apprendre d’elles et à continuer à avancer dans la vie avec courage et curiosité malgré la fragilisation et un ralentissement physique.
Vieillir sans rétrécir aux possibilités infinies jusqu’à un âge avancé, qu’en pensez-vous?