Les 4 phases majeures d’apprentissage
« Tout dégouline ces jours-ci! La spiritualité dégouline! Me dites-vous que je ne peux pas donner un sens à ma vie parce que je n’aspire à aucune réincarnation? »
Tel était les propos de Pierre Foglia, journaliste pour La Presse, le samedi 15 novembre dernier. Ce constat, fait par une personne qui se dit athée, est bien représentatif de l’état dans lequel se trouve la société d’aujourd’hui, cette société encore bien ancrée dans le dualisme, encore en train de chercher des réponses dans ce monde. Cherche et ne trouve pas…
Et pourtant, ce fameux monde dans lequel nous cherchons et où nous pensons être, n’est qu’un reflet, selon les physiciens quantiques, d’une expérience locale par des êtres non locaux, vous. Vous avez l’impression d’être ici et vous avez peut-être l’air d’être là, mais l’espace n’est qu’une idée de séparation, de dualité, comme le temps. Tout dans cet univers nous ramène au mode de pensée dualiste, où ce que l’on vit, semble bon seulement en comparaison avec le mauvais. Le beau semble beau seulement en comparaison avec le laid. Le gentil ne peut exister que si un méchant existe aussi. Que serait le gentil si le méchant n’existait pas? Il serait, tout simplement!
Le dualisme est le domaine du sujet et de l’objet, le mode de pensée de ce monde, de cet univers dans lequel nous semblons vivre. Il y a vous et les autres. « Il y a vous et Dieu, apparemment séparés l’un de l’autre ». Cette attitude dualiste, très bien expliquée par la physique newtonienne, nous amène à croire que Dieu est à l’extérieur de soi. Ainsi, Dieu est lui aussi considéré avec une attitude dualiste; il est bon ou mauvais, il aime ou il punit ou les deux en même temps… selon son humeur! Ceci décrit bien le conflit par lequel passe chaque être humain en cheminement vers l’harmonie. Cette vision dualiste est un état d’esprit, une attitude intérieure qui décrit la première phase majeure d’apprentissage de l’être humain sur le chemin de la spiritualité.
La seconde phase est une forme plus douce de dualisme. Ici, l’esprit accepte que Dieu soit amour, mais l’esprit reste encore en conflit avec cette idée car si Dieu est amour, est-ce qu’il peut détester? Si Dieu est amour, peut-il être imparfait? Si Dieu aime son fils, est-ce qu’il va le punir? Ce mode de pensée, que l’on pourrait appeler semi-dualiste, en est un où l’esprit commence à perdre une partie de sa peur secrète de Dieu. Dieu semble moins menaçant. Il est encore à l’extérieur de soi, mais on sent qu’il n’est pas nécessairement la cause de notre situation.
Viens par la suite la troisième étape d’apprentissage qui est représentée par la vision spirituelle non dualiste. Celle-ci nous amène à remettre en question sérieusement notre croyance en la séparation. Nous prenons conscience de l’effet miroir (l’extérieur de soi est à l’intérieur de soi et vice-versa) et du principe de l’unité où tout est relié. Il n’y a plus de sujet, ni d’objet, nous ne faisons qu’un…, mais avec qui ou avec quoi? « Presque tous ceux qui se posent cette question y répondent en disant que c’est avec Dieu ». Le non-dualisme peut sembler répondre à la satisfaction de plusieurs êtres qui sont en quête de vérité et de maîtrise de leur esprit, comme l’a effectivement fait Bouddha. Mais le non-dualisme ne reste encore qu’une imitation de l’unité authentique, le non-dualisme pur. Il n’en demeure pas moins que le non-dualisme traditionnel est une étape nécessaire, car il éveille chez les gens la capacité de remettre en question tous leurs jugements et toutes leurs croyances. Ainsi, ils reconnaissent le principe de l’unité, ce qui est un pas dans la bonne direction. La physique quantique démontre très bien cette idée de non-séparation et d’illusion par le simple fait que la pensée crée, que l’on ne peut même pas observer une chose sans causer un changement en elle au niveau subatomique. « Tout est dans l’esprit, y compris notre corps. » Par contre, il y a une vérité qu’aucune philosophie n’enseigne, sauf une et qui est rarement bien acceptée dans ce monde; « c’est que cet esprit est lui-même une illusion ». L’erreur du non-dualisme est de présumer que l’être humain et cet univers tout entier ont été créés dans leur forme présente par Dieu, ce qui permet de les légitimiser plutôt que de les abandonner éventuellement.
Si l’unité seule existe, tout autre chose qui paraît exister doit avoir été inventée. Abandonner l’idée que Dieu est l’auteur du monde est la prochaine étape à franchir pour atteindre la quatrième phase d’apprentissage de l’être, le non-dualisme pur. Si Dieu est parfait et éternel, tout ce qu’Il crée doit l’être également. Nous ne pouvons pas avoir à la fois notre univers et avoir Dieu. « Ils s’excluent mutuellement. Tout ce qui vient de Dieu doit être exactement comme lui. Le non-dualisme pur ne fait aucun compromis sur cet énoncé ». Dieu ne pourrait rien créer qui ne soit pas parfait. Cette logique est sans faille. Mais c’est quelque chose que pratiquement personne ne veut réellement étudier et apprendre. Ça effraie tout le monde inconsciemment (et consciemment!), puisque ça implique l’abandon de toute individualité ou identité personnelle. Et pourtant cette étape nous apprend que l’on ne perd rien pour recevoir tout (ou le TOUT!). Si Dieu est amour, Il n’est rien d’autre et nous non plus. Le non-dualisme pur nous fait prendre conscience que nous n’existons même pas individuellement, à aucun niveau, qu’il n’y a même pas d’âme individuelle ou séparée. Il n’y a que Dieu… ouf, pas facile à digérer! Il ne faut pas oublier que chacune des quatre phases majeures d’apprentissage est un long chemin vers la paix, un chemin imprévisible, parfois difficile et à travers lequel un individu interprétera un même texte de façon différente, selon la phase d’apprentissage dans laquelle il sera engagé. Toutes ces phases ne sont qu’une attitude intérieure, un état d’esprit qui nous amène à cheminer vers l’harmonie.