« Ce que nous faisons n’est pas important, mais il est important que nous le fassions. » Gandhi
De toutes les conditions nécessaires au bonheur, l’estime de soi est sans doute la plus nécessaire. Comment arriver à être heureux si l’on pense que nos besoins ne sont pas importants, que nous n’avons pas de valeur ou que ce que nous faisons n’est pas important?
S’aimer est donc la base de tout cheminement vers le bonheur ou même de tout cheminement tout court.
S’aimer, c’est répondre à ses propres besoins. À ses besoins physiques d’abord. S’aimer c’est respirer à fond, c’est connaître et pratiquer le plaisir de bouger, c’est vivre dans un environnement sain, c’est se nourrir selon les besoins réels, c’est aimer son corps, apprécier tout ce qu’il fait pour nous et pourquoi pas, le mettre beau. Nous avons parfois tendance à prendre notre corps pour acquis tant qu’il n’est pas malade ou douloureux.
Une visualisation que j’aime faire et faire faire consiste à porter son attention successivement sur chacune des parties de son corps : bras et mains, jambes, colonne vertébrale, estomac, cœur, yeux, oreilles, bouche, puis à imaginer durant quelques secondes que nous sommes privés de cette partie, ensuite, à voir les conséquences de cette perte sur notre vie quotidienne, et enfin, à réintégrer consciemment cette partie de nous en sentant l’énergie vitale qui l’habite et en éprouvant de la reconnaissance pour cette partie de notre corps. Je l’appelle ma visualisation d’appréciation de son corps.
Cette visualisation transforme notre relation à notre corps. Il y a longtemps, j’ai été immobilisée dans le plâtre pendant deux ans. Je me souviens encore de l’émerveillement lorsque j’ai pu recommencer à marcher. Je me répétais : « Je marche! Je marche! Quelle liberté! Quelle merveille! ». Une merveille que l’on oublie souvent dans notre vie de tous les jours où l’on prend son corps pour acquis.
S’aimer, c’est aussi répondre à ses besoins psychologiques. Psychologiquement, nous avons besoin d’amour, de contact, du sentiment d’appartenance. Souvent nous allons de par le monde quêtant l’approbation ou l’amour des autres.
S’aimer, c’est se donner à soi-même l’amour et l’approbation dont nous avons besoin, s’accepter totalement comme on est maintenant et se promener de par le monde en distribuant gratuitement cet amour qui nous habite.
Je dis souvent que devenir adulte, c’est devenir son propre père et sa propre mère. C’est assumer soi-même les fonctions que nos parents assumaient pour nous quand nous étions enfants.
Les parents assumaient une fonction d’amour. Être adulte, c’est s’adopter soi-même et se traiter comme son propre enfant. Qui d’entre nous taperait ou insulterait son enfant qui tombe en apprenant à marcher? Et pourtant, nous nous insultons et nous nous tombons dessus lorsque nous faisons des erreurs dans l’apprentissage de notre vie de grand. Qui déciderait lors du premier « gaga » de son enfant qu’il n’est vraiment pas habile en communication et que si c’est tout ce qu’il sait produire, il n’a aucun talent et il est aussi bien de laisser tomber. Et pourtant, nous exigeons de nous la réussite immédiate et nous sommes bien peu tolérants devant nos erreurs. Si je demande à une classe d’enfants de cinq ans qui sait dessiner, toute la classe lève la main. Si je demande à un groupe d’adultes qui sait dessiner, deux ou trois seulement lèvent la main. À un endroit de l’équation, nous avons introduit un jugement sur nous-mêmes. Un jugement qui nous paralyse, qui paralyse notre évolution et nos apprentissages. Une phrase que j’aime répéter aux perfectionnistes qui se jugent : Si seuls les meilleurs oiseaux chantaient, nos bois seraient bien silencieux. Ce qui nous rend heureux, ce n’est pas d’être parfaits, c’est d’apprendre. C’est pour nous donner le plaisir et la stimulation d’apprendre que nous sommes créés imparfaits.
S’aimer, c’est aussi prendre soin de nos besoins intellectuels. Sur le plan intellectuel, nous avons besoin de nous réaliser. Nous avons besoin d’apprendre, de créer, de nous développer. La curiosité et le désir de connaître et de comprendre nous apportent des joies multiples. Notre cerveau devient vite fatigué des nourritures fades et répétitives, des activités passives et sans défi. Lui aussi recherche la stimulation et l’excitation. C’est pourquoi les gens heureux répondent aux besoins de leur cerveau en étant créateurs, en apprenant sans cesse des choses nouvelles, en lisant, en suivant des cours ou en développant un passe-temps (quel mot horrible! On devrait plutôt parler d’un riche-temps), un riche-temps énergisant!
Nous avons besoin finalement de répondre à nos besoins spirituels. Donner un sens à notre vie n’est pas une activité de luxe réservée à ceux qui n’ont rien à faire. Ne pas savoir pourquoi on est sur terre est une maladie mortelle, comme me l’ont démontré bien des clients suicidaires. Devenir conscient que notre visite sur terre a un sens et que nous avons une mission, une raison d’être, nous donne un sens d’accomplissement et de joie. Aucun de nous n’est inutile. Chaque geste que nous faisons compte, même s’il n’est pas important en soi.
Gandhi disait : « Ce que nous faisons n’est pas important, mais il est important que nous le fassions ».
Sur le plan spirituel, la plus grande conviction est celle que nous ne sommes pas isolés, nous faisons partie d’un tout et chacune de nos émotions, chacune de nos pensées influence ce tout.
Pour faire la paix dans le monde, il faut faire la paix en soi. Pour amener l’honnêteté dans le monde, il faut créer l’honnêteté en soi. Pour guérir le monde, il faut se guérir.
Et cela sans se mettre de poids sur le dos, sans « il faut que… ». Notre mission n’est pas une tâche, un devoir, mais une manière d’être. Je me souviens d’avoir reçu l’énoncé de mission suivant en méditation alors que je demandais ce que je devais faire dans la vie. La réponse vint immédiatement : « Tu n’as rien à faire, ici-bas. Sois, tout simplement. Sois une rivière d’amour ». L’activiste que je suis était sous le choc « rien à faire », puis vint le soulagement « rien à faire », la liberté, je peux faire ce que je veux, il n’y a pas de « il faut que… tu fasses telle chose ». Et la prise de conscience que ce n’est pas ce que l’on fait qui compte, c’est comment on le fait. Les bouddhistes ont un proverbe que j’aime bien : « Avant l’illumination, couper du bois et transporter l’eau, après l’illumination, couper du bois et transporter l’eau ». Prendre soin de soi spirituellement ce n’est pas changer ce que l’on fait, c’est donner un sens à ce que l’on fait.
S’aimer, c’est donc prendre soin de soi à tous les niveaux, savoir que j’ai de la valeur et que chaque chose que je fais compte, non pas parce que je la fais, mais à cause de l’intention que j’y mets, tout a un sens et même ne « rien à faire », si j’y mets l’intention de me reposer, est un acte d’amour pour moi et pour les autres.
Et, cette fois-ci, je ne finirai pas par une série de conseils, mais par une prescription.
À chaque jour, avant de vous coucher, prenez le temps de noter trois ou quatre choses belles, intéressantes ou pleines d’amour que vous avez vécues ou observées durant la journée. Prenez le temps de vous féliciter ou d’exprimer votre gratitude en écrivant ces trois ou quatre lignes. Et, si tout a mal été, félicitez-vous encore : « Tout allait mal et j’ai continué à respirer, j’ai survécu ».
La conséquence de cette activité sera de vous amener à focaliser, à centrer votre attention sur ce que vous faites de bien et sur ce qui se passe de bien dans votre vie et ce faisant, à changer graduellement votre image de vous et du monde.
Cette pratique du « journal de gratitude », même si elle semble simple en apparence, a un effet transformateur extraordinaire si elle est utilisée à long terme.
Les gens qui ont adopté cette pratique sur quelques semaines m’ont tous rapporté qu’ils avaient vécu une hausse d’énergie extraordinaire, qu’ils observaient plus la beauté de la vie et des gens et leur propre beauté. Beaucoup de profits pour un petit investissement, Alors allez-y, osez vous aimer et vous apprécier malgré et avec tous vos défauts.
Soyez heureux, c’est le sentier.