J’ai lu un jour ceci dans le bouquin très avant-gardiste de Gitta Mallatz intitulé Dialogues avec l’ange ceci :
L’homme préhistorique était à peine conscient.
L’homme d’aujourd’hui n’est qu’à moitié conscient.
L’homme de demain sera pleinement conscient de sa nature humaine et divine.
Et un peu plus loin, dans un chapitre traitant du nouveau, l’auteur rajoute :
Ce qu’on a reçu jusqu’ici n’est qu’une base, une préparation. L’enseignement de lumière ne peut venir qu’après. Le nouveau est au-delà des connaissances de base. Qu’est-ce que le nouveau? C’est le jamais encore vécu. Le jamais encore pensé. Le jamais encore nommé.
Lorsque j’ai lu ces passages, mon cœur s’est rempli de joie devant tout le merveilleux chemin qu’il me restait encore à faire. J’y ai trouvé une très grande motivation à persévérer dans ma démarche vers le nouveau et l’illimité. En effet, si on se maintient trop longtemps dans le connu, dans l’ancien, c’est comme si on se contentait de la base de données originelle de notre ordinateur, c’est comme si on n’osait jamais faire de mise à jour de nos logiciels de peur de ne plus savoir comment s’en servir. Puis, on a rajouté à cette base originelle les connaissances qu’on nous a apprises de gré ou de force, des croyances qu’on nous a inculquées à coup de dogmes et qu’on a juré être la pure vérité venue tout droit d’en haut, des lois supposément universelles auxquelles il ne fallait pas déroger.
Comme la masse des gens y est encore bien installée comme dans un nid douillet, les aventuriers de l’inconnu qui, comme nous, osent s’aventurer dans des sentiers non battus sont très vite débusqués et étiquetés de fous ou de visionnaires déconnectés de la réalité – évidemment, la réalité connue, acceptée et approuvée par la majorité. Mais si ces explorateurs de l’illimité, ces enfants d’un monde nouveau, avaient découvert un peu de vérité nouvelle. Si on prêtait l’oreille aux idées avant-gardistes qu’ils apportent, même et surtout celles qui peuvent nous paraître saugrenues et irréalistes, si on étudiait sérieusement ce qu’ils rapportent au lieu de tout rejeter du revers de la main comme le font les éternels sceptiques de ce monde?
Toutefois, je suis d’accord qu’il peut se glisser quelques hurluberlus dans le lot, mais, heureusement, ils ne font pas légion et ils sont facilement reconnaissables par l’incohérence de leurs propos. Je parle de s’attarder plutôt à ces gens qui savent cueillir des perles rares dans des endroits inconnus de la plupart des gens et qui sont des précurseurs du nouveau. Ne renions jamais ce que nous avons appris dans le passé, mais, de temps en temps, offrons-nous des pauses pour séparer le bon grain de l’ivraie. L’ancien est toujours une préparation au nouveau, mais encore faut-il lui faire de la place.
Toute destruction amène automatiquement une nouvelle création, explique d’ailleurs la sagesse hindoue.
Trop de gens se campent dans la sécurité de ce qu’ils ont appris il y a des décennies et ne jurent désormais que par cela. Ils se réfèrent inlassablement au passé, ressortant, surtout lorsqu’ils sont à bout d’arguments, des citations anciennes ou des phrases tirées de livres sacrés – qui ont pourtant été écrits par des hommes comme vous et moi, ne l’oublions pas, et peut-être même dans des buts très précis qui en feraient rougir plus d’un… Les anciennes croyances limitatives sont comparables à des ancres bien cramponnées au fond de la mer qui gardent le navire sur place et l’empêchent de poursuivre sa route. L’attachement inconditionnel au passé rend difficile, voire impossible, toute navigation en eau nouvelle.
Pour accéder à l’illimité, il faut avoir le courage de lever l’ancre et de se laisser entraîner par le courant en toute confiance et en pleine conscience. Le seul effort à fournir consistera à se maintenir le plus possible au centre du cours d’eau et à éviter la tentation de rebrousser chemin, ce qui nous obligerait à ramer à contre-courant. C’est tout ce qui compte. Il est un fait indéniable que notre présent est enrichi des enseignements du passé et de tout ce qui a été vécu, mais si on s’y attarde trop, on risque de perdre de vue la forêt qui se cache derrière l’arbre sur lequel on a le nez rivé.
Dites donc merci au passé, aujourd’hui même, pour tout ce qu’il vous a appris, mais ne vous y complaisez plus outre mesure, sinon vous sombrerez dans le JE SAIS, le plus terrible écueil qui guette les chercheurs de vérité, même les plus sages d’entre eux. Car aussitôt qu’on croit savoir, on arrête d’écouter les autres, on s’immobilise et on s’isole sur notre île de sagesse. On jette alors l’ancre et on s’installe à demeure dans le calme plat de la sécurité du connu. Mais, vous savez, après un certain temps et à force de ne plus bouger, la coque de notre navire s’effrite lentement et se met à pourrir et le bateau jadis magnifique commence à couler sans que personne ne s’en aperçoive, et cela, juste parce qu’un jour il a arrêté sa course. Il est dorénavant trop tard pour réagir. Levez donc dès maintenant les amarres et sachez quitter, ne serait-ce que momentanément, votre port d’attache avant que votre havre de paix ne vous avilisse trop.