Je pense avoir inventé ce mot dans les années soixante-dix, dans un poème amoureux où je tentais de dire combien l’amour me semblait être le ferment d’une vivance capable d’amplifier la vie. Mais peut-être ce mot, avait-il été déjà découvert avant, quoi qu’il en soi, je l’ai souvent utilisé car je trouvais qu’il convenait bien à l’expression de plusieurs de mes thèmes autour des vibrations que secrète (ou non) la vie en l’intérieur de nous à l’occasion de certains évènements, moments privilégiés ou émotions fortes.
La vivance est une qualité d’être qui nous habite et dynamise le potentiel de vie qui est en chacun. Elle relève d’une dimension vibratoire qui crée une alchimie particulièrement active entre nos pensées, les ressources de notre créativité, les élans de notre imaginaire et les accords possibles avec la réalité qui nous entoure.
La vivance nous permet d’être plus présent au présent et aussi, c’est une de ses qualités, de gagner sur le malheur, de combattre le mal de vivre ou de se laisser aller dans l’errance infinie de la victimisation. Elle confirme et nourrit notre confiance non seulement en nous-mêmes, mais aussi dans les autres et même en l’avenir.
Surtout l’avenir que je ressens depuis quelque temps non fiable, si incertain qu’il n’est pas certain qu’il puisse accueillir la vie de mes petits-enfants. Un avenir violenté par ce que nous faisons, imposons aujourd’hui à la planète et à nos semblables. Violences visibles et moins visibles liées aux tromperies, aux mensonges de certains hommes politiques, aux malversations à l’échelle planétaire de certains individus protégés par leur anonymat, au surgissement de crises financières et économiques déclenchées par l’aveuglement (ou l’habileté) de ceux qui peuvent jouer avec l’argent, les économies du plus grand nombre.
Je crois qu’en période de crise, il faut prendre garde d’éviter un repliement sur soi, un enfermement dans la bulle de ses intérêts personnels, une fixation autour d’une vision paranoïaque concernant nos gouvernants et aussi nos semblables, même si chaque jour apporte la preuve de leur nocivité, de leurs prédations dans beaucoup de domaines. Je crois qu’il faudra éviter de rester dans des comportements d’autoprotection liés à la survie en oubliant la solidarité, l’engagement dans des actions de lutte et de confrontation. Je crois qu’il nous appartient de rester un témoin de la Vie. C’est peut-être cela le sens de notre passage sur terre, le maintien, l’épanouissement de la Vie sous toute ses formes, même si aujourd’hui nous sommes à l’origine de beaucoup de violences à son égard. Au-delà d’un travail sur soi, pour maintenir au plus haut notre potentiel de vie, il nous faudra militer, s’associer, se concerter pour faire un contrepoids au développement de la souffrance, au grandissement de l’injustice, à l’expansion de la misère et surtout de la faim et de la non-éducation de millions d’enfants.
Au final, s’appuyer sur sa vivance pour s’engager auprès des plus démunis.