Entrer en rapport avec quelqu’un, c’est un peu comme entrer dans une danse. Vous ne penserez jamais exécuter des pas compliqués avec votre partenaire avant d’avoir réussi à vous synchroniser sur les pas de base, le rythme, les mouvements de celui-ci. Seulement après oserez-vous introduire des figures de danse plus complexes. C’est la même chose pour le rapport dans la communication. Le problème, c’est que nous sommes tellement pressés de réussir, c’est-à-dire de faire passer notre idée, de convaincre l’autre, de vendre nos services ou notre produit que nous oublions une étape essentielle de la communication : synchroniser nos pas de base et notre rythme avec ceux de l’autre.
Il y a quelques années, mon voisin d’origine vietnamienne, qui ne parlait ni anglais ni français avait l’habitude de me saluer en levant son avant-bras devant lui. Je lui répondais toujours à l’américaine en lui faisant un « bye bye » singulier de la main. Or, un matin, je pressentis qu’il allait faire le même geste et je soulevai lentement mon avant-bras pour le saluer à mon tour. Pendant quelques secondes, j’ai vraiment eu l’impression qu’un fil invisible unissait l’intérieur de sa main à la mienne. Nous parlions le même langage. C’était confortable et plaisant. Notre rapport n’a plus jamais été le même par la suite. Nous avons réussi à communiquer et à établir un rapport au-delà des mots.
Le truc est de bien observer puis de se synchroniser physiquement avec l’autre personne, de façon discrète et harmonieuse, pour ne pas donner l’impression de copier, d’imiter. Ainsi, vous pouvez synchroniser votre corps avec celui de l’autre en inclinant la tête comme lui, en utilisant ses expressions faciales ou en adoptant le rythme de sa respiration. Si vous parlez au téléphone, vous pouvez alors synchroniser votre voix, tant en ce qui a trait à la force et à la tonalité que sur le plan des expressions courantes de l’interlocuteur, en employant des mots faisant partie de son système préférentiel. Par exemple : « Je vois » (mode visuel), « Je t’écoute » (mode auditif) ou encore, « Je saisis » (mode kinesthésique).
Il y a toutefois quelques pièges à éviter lorsque l’on commence à pratiquer la synchronisation.
Premièrement, soyez sélectif des gens avec qui vous vous synchronisez. Les professionnels de la santé qui sont régulièrement en contact avec des gens malades physiquement ou mentalement peuvent hériter des comportements maladifs de leurs patients en se synchronisant sur eux dans le but d’établir le rapport. Si la personne a de tics, des problèmes respiratoires ou autres, on recommande alors la synchronisation de tête avec un mouvement de la main.
Deuxièmement, la synchronisation vous paraîtra fausse et artificielle si vous l’utilisez pour influencer des gens avec qui vous n’avez pas vraiment le goût d’échanger ou pour qui vous n’avez pas de réel intérêt. La personne ressentira un malaise et de la confusion et aura l’impression que quelque chose dans l’échange lui échappe.
Souvenez-vous comment vous vous sentiez la dernière fois que vous vous êtes trouvé devant un représentant qui essayait de vous vendre quelque chose qui ne convenait pas.
Lorsque vous ressentez de la confusion dans une situation ou un échange, devenez encore plus vigilant et attentif aux informations que vous recevez.
L’expérience m’a prouvé que la confusion est un indice certain m’avertissant que quelque chose dans l’échange ou la situation a besoin d’être clarifié, ajusté, amené au grand jour avant de m’engager plus avant et d’autant plus si je suis dans un rapport d’influence où je risque de me retrouver plus vulnérable. Lorsque l’échange est authentique et vrai, toute l’information est déposée sur la table, on sait où on s’en va, ce qu’il y a à faire, on se sent bien, en sécurité avec l’impression que nos intérêts sont pris à cœur. Dans le cas contraire, on est en droit de se demander « est-ce que cet échange sert vraiment mes intérêts ou est-ce que quelqu’un ici est en train d’utiliser son imagination créatrice et son savoir-faire pour me piéger dans son univers »?